« L’enthousiasme d’une adolescente, la vivacité d’une débutante » (1), la jeune fille franco-américaine, née Catherine Marie-Agnès Fal de Saint Phalle, est issue d’une famille de l’aristocratie française. Ni – Qui ? ou Niki comme l’appelait sa mère répond à ce XXème siècle et à ses violences par un nombre remarquable d’œuvres puissantes disséminées dans le monde.

Un art transfiguré sous les balles

L’artiste fait preuve d’un engagement d’avant-garde révélant, par son Art, la souffrance incomprise d’une petite fille de 11 ans abusée par un père incestueux. Ainsi  se voit-elle renvoyée, une fois de plus de l’institution quand, en 1944, elle peint en rouge les feuilles de vigne des statues grecques de l’école ! Par la suite, ses créations se nourrissent de  la force et la fécondité d’une femme déchirée par l’engagement de ses nations de cœur dans les guerres d’Algérie et du Vietnam. Des œuvres monumentales et des figurations érotiques qui explosent devant un public conquis.

En 1961, Niki n’a pas froid aux yeux. Armée d’une carabine 22 long rifle, elle vise ses œuvres de plâtre blanc, déchiquète la matière et crève les petits sachets de couleurs dissimulés dans les tableaux. Tel un saignement, les sculptures murales se maculent de trainées rouges, jaunes, bleues dont le flot aléatoire fait naître l’œuvre. Des Etats –Unis en Europe, les nouveaux réalistes accourent et participent à ces déconstructions d’œuvres naissantes. Autour de la flingueuse aristocrate, une bande d’artistes masculins fascinés par la force d’une œuvre qui, décidément, révèle la suprématie du mâle et dénonce la violence des conflits armés.

La flingueuse accouche des nanas

Alors que Raoul Cardo façonne l’acier et le béton pour peupler le sud de l’Yonne de quelques dinosaures immortels, Niki de Saint Phalle, autodidacte également, travaille plâtre, résine, tissus et  grillages pour donner naissance aux nanas aériennes et rebondies. Inspirée par la grossesse de Clarisse Rivers en Avril 1965, ce sera alors l’apparition d’un black nana power auréolé de multi-couleurs qui explosent sur des formes généreuses et rebondies.

“Mes sculptures représentent le monde de la femme amplifié, la folie des grandeurs, la femme dans le monde d’aujourd’hui, la femme au pouvoir ».

Manequin aristocrate et … femme des peuples

Loin du confinement des musées, Niki de Saint Phalle participe à des performances d’Artistes aux côtés de Jean Tinguely permettant au plus grand nombre de découvrir le cheminement créatif du couple. Enfin le public est invité à tirer sur les œuvres en plâtre transformant le travail de l’artiste en œuvre collective.

Plus tard elle donne naissance à des œuvres monumentales qui s’offrent au public dans un Art universel comme cette Nana allongée sur le dos aux formes pulpeuses. Une architecture de 28 mètres de long, 9 mètres de large et 6 mètres de haut baptisée Hon (« Elle » en suédois). Le public est alors invité à entrer dans l’œuvre en franchissant le seuil d’un sexe ouvert.  A l’intérieur, les univers foisonnent : un planétarium dans le sein droit, un milk-bar dans le gauche, un banc des amoureux, une mini salle de projection,… le tout dans une explosion de couleurs vives comme un hymne à la fertilité universelle.

De Stockholm en Toscane en passant par la Belgique, Paris, Château-Chinon ou Milly la Forêt, des Etats-Unis au Japon en passant par l’Inde, les voyages de l’Artiste illuminent les jardins, les galeries ou les architectures intemporelles telles que le Centre Pompidou. Progressivement, aux femmes de grosse taille s’ajoutent des fontaines, des maisons extraordinaires, des chapelles ou des structures  pour enfants, révélant l’immense éclectisme de l’Artiste.

« Je suis parvenue à apprivoiser mes monstres et à jouer avec eux »,
une phrase de Niki de Saint Phalle ou de Raoul Cardo 
?

Si l’Yonne n’a pas été l’un des terrains de jeux remarquables de Niki de Saint-Phalle, le territoire a accueilli la famille de l’artiste pendant quelques siècles.

Sens, Auxerre, Joigny, Avallon, Tonnerre, … , nombreux sont les lieux qui nous ouvrent à l’Art et pourraient offrir un parfum de campagne aux œuvres d’une artiste dont les racines ont enrichies et se sont nourries de nos terres icaunaises.

Qui saura nous dévoiler Niki ? Et de démesure, nourrir les icaunais ?  Nous aimerions tellement…

Sommairement !

Niki nait le 29 octobre 1930 à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine).

Elle vit chez ses grands-parents jusqu’en 1933 avec son frère, au Château de Huez dans la Nièvre (commune de Bona), avant de rejoindre ses parents aux Etats-Unis à l’âge de 3 ans. 

Formation : Brearley School
Plasticienne, peintre, sculptrice, réalisatrice de films.
Elle partage sa vie avec Harry Mathews (1949 – 1961) qui lui donne une fille Laura en 1951 et un fils Philippe en 1955. Second mariage avec Jean Tinguely (1971 – 1991) .
Elle décède le 21 mai 2002 à 71 ans après avoir navigué entre ses deux patries, entre  exaltations et séances de dépression.

Voyagez dans l’univers de  l’artiste en cliquant sur les liens suivants :

http://yet89.fr/niki01.php – (vidéo – télérama)

http://yet89.fr/niki02.php – (texte et vidéo décalée parispost)

http://yet89.fr/niki03.php – (Depuis la Nièvre)

http://yet89.fr/niki04.php – (Centre Georges Pompidou)

http://yet89.fr/niki05.php – (Le Grand Palais)

(1) 1948 –  le New York Times 
Les photos ont été prises au Musée d’Art contemporain de Nice

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