Une initiative des paroisses de Montréal et Avallon qui prenaient le risque d’accueillir une petite dizaine de personnes. Mais au final, ce fût un fort engouement dans un climat fraternel, riche de propositions. 200 kms en voiture pour assister à ce débat, mais quelle récompense !

  1. les raisons de la colère :
    Quelles sont, selon vous, en essayant de les hiérarchiser, les causes principales du malaise actuel et des formes violentes qu’il a prise ?

  2. Comment peut-on faire une force de cette colère ?
    Qu’est-ce qui pourrait permettre aux citoyens dans notre démocratie de se sentir davantage partie prenante des décisions politiques ?

  3. Quelles sont les lieux ou les corps intermédiaires qui favoriseraient cette participation ?

  4. Que peut-on proposer ? Quel avenir commun ? Une dynamique au service de tous ?
    Quel « bien commun » recherché ensemble pourrait fédérer nos concitoyens et les tourner vers l’avenir ?

  5. Quelles raisons d’espérer souhaitez-vous transmettre à vos enfants et petits-enfants ?

Les trois groupes formés pour ce débat planchent sur ces cinq questions et partagent, ensuite, leurs conclusions.

 « La pauvreté est garce ».

Cette expression de Lény Escudero est reprise par Olivier Truillet, l’actuel Président du Secours catholique de l’Yonne. L’ancien cheminot Syndicaliste attaché à des missions sociales, retrouve, dans le mouvement des Gilets jaunes, la mise en lumière d’une misère qui se nourrit de la solitude.

Gilets jaunes Montréal église
Gilets jaunes Montréal église


Un gilet jaune, engagé de Saulieu à Tonnerre évoque cette fraternité qui rompt l’isolement et génère une détermination inébranlable. «les gens ne sont pas prêts de lâcher… Le RIC – Référendum d’Initiative Citoyenne – va permettre de remettre au goût du jour les préoccupations de ceux qui, trop nombreux, travaillent sans être capable de boucler les fins de mois, ceux qui bossent pour payer les factures »

La salle est bondée et l’émotion submerge l’assemblée quand l’homme des ronds-points prend la parole.

Officiellement le mouvement a commencé le 17 novembre 2018. Il a été porté par les réseaux sociaux et est apparu suite à la création d’une taxe supplémentaire dans un paysage où la difficulté financière frappe la France qui se lève tôt.

Les problèmes s’amplifient depuis des années car les élus ne sont pas représentatifs de la population tant par l’âge que par la profession. Certains vivent essentiellement d’un mandat électoral et perdent, d’évidence, le lien avec les réalités citoyennes. Un décalage de plus en plus marqué qui ne permet plus la représentativité des français. Un exemple concret ? En pleine période de contestation, les députés votent  l’exonération de la CSG sur leurs rémunérations.

Dans l’assemblée, on s’interroge :  « Pourquoi sont-ils si nombreux puisqu’il n’y a plus d’opposition et que tout le monde vote comme un seul homme. Ils ne représentent plus le peuple mais suivent leur parti. Quand l’un d’entre eux sort des rangs, il est chassé des bancs. »

Les citoyens sont lassés de lois qui ne sont pas votées pour le peuple mais au service de l’élite. « Sans surprise, il est de moins en moins de votants au fil des suffrages. »

Le gilet jaune fait peur et les journalistes se focalisent sur les têtes de cortège composées des personnes les plus virulentes sans voir le corps des manifestations, composé, à 90%, de personnes non violentes et pacifistes.

Plus de 1700 blessés chez les gilets jaunes dont 94 qui ont perdu  un membre, un œil, une main. 12 personnes décédées depuis le début du mouvement notamment au travers d’accident de la route. « Bloquer les usagers c’était se tirer une balle dans le pied. Chaque personne avait sa façon de voir les choses lors du lancement du mouvement. ».

« Les corps intermédiaires, on les a éliminé au cours du temps. » car ils n’étaient pas capables de se concentrer sur le bien commun, sur la prise en considération des plus petits d’entre nous.

Le RIC est plébiscité par l’assemblée. Mais peut-on effectuer un référendum sur tout ?

Cela ne va-t-il pas induire des coûts supplémentaires de fonctionnement de l’État.

Les référendums pourraient permettre aux citoyens de participer aux lois qui les concernent. Il permettrait également de destituer de leur mandat ; les élus qui ne représenteraient plus le peuple ou qui seraient au cœur d’affaires judiciaires. Ainsi le RIC donnerait-il du poids et de la respectabilité aux élus maintenus par le peuple.

Le bonheur de mon voisin !

Fédérer en recherchant le bien commun, c’est aller voir le plus petit d’entre nous pour le représenter et porter son intérêt. C’est aller regarder au-delà de l’intérêt général.

« Comment vais-je pouvoir contribuer au bonheur de mon voisin ? Comment vais-je l’aider à vivre mieux ? Etre Gilet jaune, c’est m’impliquer dans mon quotidien. En matière d’écologie, qu’est-ce que je fais pour la planète pour quelle périsse moins vite ?

Car l’écologie faites également partie des préoccupations majeures des gilets jaunes ! »

Un exercice redoutable :

« Prenez la constitution et RAYEZ puis modifiez ce qui ne vous plaît pas. En faisant cela, on se rend compte qu’elle n’est pas faite pour nous mais pour l’élite. »

Une belle démarche à mettre en place et à renvoyer à ce Président de la République présenté comme un homme hautain à la tête d’un gouvernement incapable de porter un projet de société si ce n’est pousser les uns et les autres à « gagner du pognon et consommer ».

Les gilets jaunes réclament une légitime échelle des valeurs et ne comprennent plus ce système qui permet les excès d’un Carlos Ghosn au mépris des gens qui ne joignent pas les deux bouts.

Tous responsables…pas seulement les politiciens !

Chacun de nous est un acteur et participe à définir notre société. Chaque euro dépensé construit le monde de demain selon qu’il est donné à Amazon, Mcdonald’s, au petit boucher, libraire du coin de la rue, à l’AMAP ou à la chaîne de supermarché !

« On a construit l’Europe du pognon mais on n’a pas fait l’Europe des nations… créant nos propres paradis fiscaux au sein de l’Union. » L’institution n’offre pas d’alternatives incitant les consommateurs à privilégier l’écologique et les circuits courts laissant les produits du bout du monde envahir les rayons. Il est du devoir du citoyen de s’opposer à cette mondialisation qui contribue à une homogénéisation des peuples au service de la consommation sans tenir compte de l’exception culturelle française. Mais le Gilet jaune dénonce également les problèmes de justice fiscale, décriant l’opacité en matière de perception et d’affectation de l’impôt.

Le consensus de l’assemblée

OUI au RIC dont l’une des vocations est de faire annuler les lois qui sont ‘mauvaises’ car non tournées vers les citoyens sous condition de se border pour ne pas déraper.

Attention à  la manipulation par les médias qui nous disent ce que l’on doit voter.Il serait nécessaire d’engager des réflexions de fonds préalablement : éclairer les gens en interdisant éventuellement les sondages pendant la période de réflexion.

OUI à la reconnaissance du vote blanc : L’assemblée reste sceptique néanmoins sur le vote obligatoire en semaine tel qu’il est pratiqué en Belgique.

OUI à une belle idée venue de la jeunesse représentée ce soir : Un vote qui classerait les candidats ou les programmes avec une note de 1 à 5 par exemple.

Cela permettrait d’éviter le vote blanc même si l’on n’est pas totalement en accord avec les propositions qui se présentent au suffrage.

Les personnes présentes sont moyennement convaincue pour la proportionnelle car ce sont les partis qui vont décider qui l’on met en avant.

OUI pour diminuer le train de vie des élus et pour instaurer une transparence dans la circulation de l’argent : une taxe écologique doit aller à l’écologie uniquement.

OUI pour une administration dépoussiérée, débarrassée de formalismes qui la rendent inefficace, plus au service d’elle-même que des citoyens.

OUI au dépoussiérage des normes  trop nombreuses qui bloquent les initiatives.

Les valeurs de l’église compatibles avec le mouvement des gilets jaunes ?

Entre nous, rétablir une confiance, une amitié. L’église est porteuse de valeurs d’humanisme : les papes ont écrit beaucoup de textes tournés vers les sociétés.

Proposition de 10 principes fondateurs :

  1. La dignité de toute personne humaine : inhérente à sa nature d’être humain indépendamment des agissements ; la dignité est acquise.
  2. Le respect de toute vie humaine : droit à la vie.
  3. L’association : il est juste que toute personne puisse s’associer, la première association étant la famille.
  4. La participation : le devoir de chercher le bien commun de tous : notamment chacun a droit à un travail productif.
  5. La protection préférentielle des pauvres et des personnes vulnérables
  6. La solidarité : une seule famille humaine.
  7. La gérance : le monde est confié à l’Homme. Il a la responsabilité d’assurer la gérance commune. 
  8. La subsidiarité : limitation du principe de pouvoir des gouvernants : le pouvoir supérieur doit s’abstenir de régler ce qui a été fait par l’échelon inférieur. C’est ce dernier qui sollicite l’intervention d’une instance supérieure pour régler ce qui ne lui paraît pas être de son ressort.
  9. Le respect de l’égalité humaine : Les discriminations humaines et sociales ne sont pas compatibles avec la création.
  10. Le bien commun : le développement social de chacun et le maintien de la paix par l’autorité publique. Vous faire du bien me fait du bien.

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