Flânant sur les bords de l’Yonne, le touriste remarque cette haute et fière bâtisse qui, avec l’église Saint-Jean, sa voisine, domine le centre-ville de Joigny.  Le château des Gondi, altière et austère sentinelle, veille sur la cité depuis quatre siècles, semblant présider à ses destinées….. et attendre d’elle, en retour, qu’elle le tire de sa léthargie.

Les Gondi : Joyau de Joigny

Avant d’accueillir le grand Saint Vincent de Paul en qualité de précepteur des enfants du Duc de Gondi, la bâtisse puisait son inspiration dans la Renaissance italienne, en la personne de Serlio, architecte, entre autres, du château d’Ancy-le-Franc, qui servit de modèle à Jean Chéreau pour l’édification de ce monument d’inspiration antique.

Ce château non achevé n’est que l’aile d’un vaste projet formant une cour fermée englobant l’église Saint-Jean.

Un attrait touristique ?

Notre visiteur, enclin  à la curiosité, admire ses hautes façades de pierre vermiculée, ses vastes fenêtres à meneaux, ses colonnes doriques, ses niches destinées à abriter des statues côté nord, sa toiture d’ardoise, le tout superbement restauré il y a quelques décennies.

Après avoir arpenté les ruelles à l’assaut de l’ancienne motte féodale élevée par Rainart le Vieux en 996, le touriste pousse la porte du bâtiment qui demeure obstinément fermée car le bel écrin est une superbe coquille vide. Joigny, que d’aucuns nomment la belle endormie, n’a pu trouver de contenu à la hauteur de son écrin.

Et pourtant …

La ville d’Art et d’Histoire pourrait tirer fierté légitime de ses collections de peintures du XVIème au XIXème siècles qui dorment dans quelque réserve. Elle pourrait également honorer Jean de Joigny, Jean Chéreau, Germain Boffrand, Saint Vincent de Paul, sœur Sophie Barat, Marcel Aymé qui ont vécu ou œuvré dans la cité.

De plus, le château, par sa position dominante privilégiée, offre une vue panoramique sans égale (en attendant l’arrivée des éoliennes aux abords du Mont-Tholon). Ce lieu de tous les possibles – musée, salle d’exposition, salle de conférence, salle de réception – pourrait être le joyau de la troisième ville endormie.

Enfin, les façades atypiques seraient la toile de fond d’une fête médiévale en plein air comme ce fut le cas il y a quelques années.

En attendant, il reste à souhaiter que les vents portent une bonne fée à son chevet offrant à cette bâtisse une destinée et un contenu dignes de son intérêt tant historique qu’architectural et patrimonial.

Il se murmure que le lieu pourrait devenir le musée national des contes et légendes. Une idée de l’Ajorca, l’association jovinienne pour la revitalisation du centre-ville ancien. La municipalité n’a pas fermé la porte lors du conseil municipal du 06 février 2019 !

A partir du texte de Jean-Yves Guillaume
Version originale publiée sur l’Yonne en Tête N°1

Espace

Quelques photos des Gondi

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