Le « Vrai » grand débat Gilets jaunes à Auxerre

Lorsque L’Yonne en tête arrive un peu avant 18H30 à la salle Vaulabelle, les débats sont largement engagés car la réunion a débuté entre 16h00 et 16h30.

La salle dénonce la politique des gouvernants qui déconstruisent le système social dont la vocation initiale était d’offrir des soins pour tous avec des cotisations proportionnées aux revenus de chacun. En minorant la taxation des entreprises et en maintenant la CSG payée par tous, le gouvernement Macron continuerait l’œuvre engagée par ses prédécesseurs et provoquerait la mise en péril de la Sécurité Sociale à la française.

Certes, c’est un peu le grand déballage de printemps avec, pêle-mêle, des prises de paroles contre l’Europe, les délocalisations, les bénéfices des entreprises et les paradis fiscaux tant la colère a du mal à être contenue. Mais le dialogue est assez vite recentré sur les thèmes proposés ; certains intervenants ont une vraie culture politique et un attachement viscéral aux valeurs de la démocratie. Ils participent activement au dialogue et font avancer les échanges vers la prise de décisions.

Au 100ème jour d’engagement, naît l’Assemblée populaire d’Auxerre

L’animateur des débats rappelle la tenue d’une première « assemblée des assemblées » réunissant 75 assemblées à Commercy il y a environ 1 mois. Une seconde va se tenir à Saint-Nazaire et, de nouveau, toutes les assemblées de France vont envoyer des représentants. La salle décide très largement d’engager Auxerre dans cette voie en espérant que les gilets jaunes de Sens ou ceux d’Avallon prendront le même chemin pour créer, ensemble, l’assemblée populaire de l’Yonne.

L’objectif est de créer un contre-pouvoir qui permettrait au peuple de s’exprimer au sein même des institutions. Les députés élus seraient donc les porte-paroles du peuple et se verraient destitués en cas de non-respect de leur engagement de représentativité.

Faut-il voter aux européennes ?

Sur ce sujet, la salle s’est également montrée très prolixe avec des idées fortes. Certains considèrent que le refus de s’exprimer au travers des urnes revient à abandonner le terrain politique et à laisser les mains libres à des élus légitimés par les votants quelle que soit leur représentativité réelle.

D’autres rappellent que le peuple n’a jamais eu accès aux fonctions suprêmes et qu’en allant voter, il continue à servir un système établi par une oligarchie au service de ses seuls intérêts.

Plutôt qu’un bulletin blanc, une jeune femme propose de glisser une enveloppe jaune. D’autres engagent l’assemblée à lire le programme des forces politiques en présence et de se rapprocher de celles qui défendent les revendications des gilets jaunes.

Les derniers, enfin, réitèrent la proposition de créer une force politique populaire. Si ce courant semble majoritaire, il est néanmoins décidé de ne pas prendre de décision lors de ce premier « vrai » débat et de voter ultérieurement sur la consigne de vote aux européennes, le 26 mai prochain.

« L’idée est d’opposer notre légitimité à leur légitimité avec nos députés. On n’a pas peur de sortir sur les ronds-points depuis 3 mois… De quoi avons-nous peur ? A la prochaine assemblée des assemblées on doit être des dizaines de milliers. »

Le thème « Justice police armée »

De nombreuses réactions dans la salle :

Demande d’amnistie pour toutes les peines prononcées contre les gilets jaunes ; Enorme acclamation et cris de ralliement : « Gilets jaunes quel est notre métier ? Ahou Ahou Ahou »

« Honte au gouvernement qui a demandé aux forces de l’ordre de faire taire les gilets jaunes en leur cognant dessus et en instaurant la peur »
« La police est la seule force qui fait barrage à notre accès aux institutions. C’est pour ça qu’ils ont reçu une prime de 30 à 300 € selon leur grade »
« Un an de prison ferme pour Christophe Dettinger qui venait sauver une manifestante d’un assassinat et combien pour Cahuzac qui a trahi la république ? »
« La violence ne vient pas du peuple mais bien du pouvoir. En France, vous avez plus de risque de vous faire massacrer par des policiers que par des terroristes. »
« Depuis des années des mamans des quartiers  « Justice pour Adama TRAORE» se battent contre la police tortionnaire. C’était loin de nous et on ne réalisait pas vraiment, mais aujourd’hui on est au centre de cette violence des forces de l’ordre et on comprend leur combat. »

Constats et organisation du mouvement :

Les Gilets jaunes d’Auxerre dénoncent les méthodes des effectifs policiers qui se structureraient en petits groupes pour protéger ceux qui tabassent les Gilets jaunes au sol. Des méthodes largement filmées sur le territoire national qui seraient contraires au serment fait en entrant dans la police de s’engager au secours des populations.

L’assemblée évoque la nécessité de rester soudés physiquement pour éviter que quelques-uns soient isolés par les forces de l’ordre avant d’être fortement molestés. Des photos et des films doivent être versés à des futures procédures engagées contre des policiers identifiés.

Aujourd’hui, ils constatent qu’aucune enquête contre les policiers n’a aboutie : des yeux seraient donc  crevés ou des mains arrachées en toute impunité. Il y aurait 1500 condamnations de gilets jaunes contre aucune condamnation de forces de police.

Mais selon les gilets jaunes, la peur doit changer de camps et chaque membre des forces de l’ordre devra personnellement répondre de ses actes quand le peuple sera au pouvoir !

Pour finir les gilets Jaunes d’Auxerre constatent que les forces de police n’ont pas pu intervenir quand ils étaient trop nombreux face à eux. Le nombre est important mais il faut aller sur des points névralgiques économiques pour contraindre le gouvernement à écouter le peuple et tenir compte d’un mouvement qui ne lâchera pas, se structure pour être entendu et représentatif.

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